59.LES AVES

Les Aves sont 2 petits groupes d’îles situés à une 30ene de milles à l’ouest des Roques.

Après une grosse matinée d’une navigation tranquille sous gennaker et grand voile, nous arrivons à Barlovento.

 

Alors que nous longeons l’île par le sud Martial pêche un premier thon et remet sa ligne à l’eau. Presque instantanément un second se prend dans sa ligne !! où sont mes recettes de poissons ?

 

 

Tout le temps où Martial moulinait pour remonter le thon, les fous ne perdent pas une miette du spectacle.

Ils sont marrants ces oiseaux comme cela, la tête dans l’eau, comme si ils avaient un masque, à tout surveiller.

Nous nous mouillons devant le « phare », nous sommes seuls.

Dés que les manœuvres sont finies, Martial se met à nettoyer les poissons. Et nous comprenons aussitôt pourquoi ces îles se nomment Les Aves (les oiseaux en espagnol).

Ce sont les frégates les plus voraces.

Ces animaux ne sont pas toujours tendres avec les autres oiseaux, n’hésitant pas à leur arracher leur proie du bec. Par contre ce sont de superbes planeurs. Ils font quasiment du stationnaire à l’arrière du bateau, et attrapent en vol les morceaux de poissons que Martial lance.

Dés le lendemain nous partons en exploration. Nous rentrons entre les deux îles, dans un genre de lac bordé de mangroves.

En se rapprochant de la mangrove, nous nous rendons compte que nous sommes dans la chambre à coucher des Fous.

Après le pélican, aux Aves j’ai eu un coup de foudre pour les fous. Ceux des Aves sont des fous à pattes rouges les cousins des fous de Bassan de nos zones tempérées. Je les trouve sympathiques.
Leur surnom leur vient des marins, car les fous se posaient sur les bateaux et se laissaient facilement attraper. Il est vrai que les fous à pattes rouges que nous avons observés aux Aves de Barlovento se sont laissé approcher de très près.

Le fou à pieds rouges est un oiseau marin qui plonge d’une bonne hauteur. Il part en piqué, la tête allongée vers sa proie. Il plonge depuis des hauteurs variables (entre 4 et 10 mètres) dans les bancs de poissons. Il peut aussi attraper des poissons volants en l’air et happer des proies à la surface. Le fou ne porte jamais ses proies dans son bec. Il les avale toujours avant de s’envoler. Il emploie ses ailes pour nager plus profondément sous l’eau. Lorsqu’il se manifeste, il cancane comme le canard… Ou plutôt, son cri ressemble à celui du canard qui aurait un rhume…

 

Les bébés naissent gris terne et presque nus, ils sont minuscules. Puis très vite ils s’étoffent et deviennent blancs, gardent un bec noir, leurs plumes duveteuses les font ressembler à une peluche adorable. Pendant leur adolescence et jusqu’à l’âge de trois ans, ils sont bruns au bec noir et leurs pattes sont couleur crème, leur pupille est marron clair, ils n’atteindront leur maturité sexuelle qu’au bout de cette phase dite juvénile.

 

Les adultes ont deux robes totalement différentes selon la phase de mue dans laquelle ils se trouvent. Les jeunes adultes ont le dos brun, le cou est couleur café au lait, le dessous de queue est blanc, le bec bleu avec des fossettes roses et les pieds rouges.

Les adultes accomplis sont tout blanc, ils ont le bout des ailes noir, le bec et les pattes sont identiques aux jeunes adultes (bleu et rose), le dessus de la tête a une teinte légèrement crème.

Ce qui les rend attachant c’est leur attitude, calme, débonnaire et expressive.

Nous les avons surpris dans leur intimité : en pleine toilette…humm, c’est bon…

Bien nettoyer partout…

Au plus chaud de la journée on voit le fou, face au vent. Il a le bec légèrement entrouvert. Il semble haleter. En fait il dispose de la climatisation intégrée! Pas si fou! C’est une méthode efficace pour se rafraîchir. A le regarder de plus près, on voit bien au frémissement de sa gorge que l’air circule parfaitement.

Sinon, ils passent beaucoup de temps en cours magistraux :

Hep ! Vous là à gauche, il est interdit de regarder ses pompes… J

Leur loisir favori est de regarder des matchs de tennis

A droite

A gauche

Elle est passée où la balle ?

Malheureusement cet oiseau si sympathique est menacé.
Le fou brun a quasiment disparu dans certaines zones de surpêche. Il est totalement absent aux Antilles françaises et dans la plupart des îles anglophones de l’Arc antillais.

Le fou à pieds rouges n’est pas globalement menacé, parce qu’il est largement dispersé. Les plus grandes menaces qui pèsent sur cette espèce sont la déforestation qui détruit ses aires de nidification et l’industrie de la pêche qui réduit ses sources de nourriture.

Ce qui est impressionnant aussi aux Aves, c’est la taille des palétuviers : je n’en avais jamais vu d’aussi grands.

Nous sommes partis en annexe au bout de l’île, juste pour le plaisir des yeux.

J’avais lu dans un blog qu’il y avait un « monument aux navigateurs », nous l’avons cherché en vain, mais nous avons découvert une nature magnifique. Nous avons passé deux jours seuls (à part le passage de pêcheurs le temps d’une soirée), tranquilles, où la boulangerie d’Ylang a dû reprendre du service.

Nous partons ensuite pour Sotavento. Martial avait repéré en apnée des barracudas qui tournaient toujours dans la même zone. Nous passons dessus avec Ylang, et la ligne part tout de suite : un énorme barracuda. Le congélo est plein, on arrête la pêche.

Nous arrivons vers 13h devant le poste de garde de Sotavento.

Un homme nous fait des signes. Martial, accompagné de son interprète personnel(AdrienJ ) descend à terre. Les papiers étant déjà fait, je pensais que c’était juste une vérification…pas du tout. Ils subissent un interrogatoire en règle : nombre de gilets, fusées, etc… 1h30 de palabres plus tard mes hommes rentrent enfin !! je commençais à me poser des questions…

Habituellement ils sont 3 permanents à ce poste, mais là une 10ene d’ouvriers sont là pour leur construire une cuisine en dur. On est au bout du monde, derrière une toute petite île, balayée par les vents et….il y a un réseau internet d’enfer !! Évidemment ouvert (pour qui le fermeraient ils ?) nous en profitons, nous nous mettons à jour.

Nous ferons un petit stop sur l’île la plus au nord de l’archipel (l’île longue), avant de mettre le cap sur Bonaire.