35.TOBAGO

Après le carnaval de Grenade il nous reste 3  grosses semaines avant notre retour en France. Tout le monde nous a dit du bien de Tobago, nous décidons de faire une virée au sud.

Mais avant nous faisons un énième aller-retour Princkly-Grenada marine pour notre groupe et cette fois c’est la bonne : IL est remonté et IL marche … et cela nous émerveille !!

Cela fait un an (à 8 jours prés) que nous sommes partis et enfin tout marche à bord !! C’est ça un rodage ?

Sans perdre plus de temps nous partons pour Tobago


Départ de Grenade vers 15h30 cap à l’est car à l’arrivée sur Tobago il y a un bon courant d’est (d’après nos gentils informateurs).Nous arrivons le lendemain le Dimanche 18 Aout à 7h du matin sous une petite pluie au mouillage de Charlotteville (juste après la plateforme pétrolière).


Heureusement même si elle est récurrente la pluie ne dure pas sous ces latitudes.

La baie est grande et verte, le mouillage profond. Nous nous mouillons prés de la petite plage. Mais en fin de matinée un pêcheur vient nous dire que nous sommes sur leur zone de pêche, il faut se déplacer … salé. Sur les 15 jours restés sur place ils n’utiliseront cette zone qu’une fois pour pêcher, mais irons tous les jours déposer des gens sur la plage, et nous sommes sur leur route !

Nous nous déplaçons donc à l’autre bout de la baie devant l’autre plage

Le lundi matin nous attendons la fin de l’orage matinal pour aller voir les autorités. On est dans la zone où l’overtime règne en maitre. Aussi quand le douanier nous demande « quand êtes vous arrivés ? » Martial tente un « ce matin ». Le douanier nous rétorque d’un air sévère qu’un copain pêcheur nous a vu arriver dimanche. Il nous demande de lire le règlement, et que ça saute !!…
et finalement ne nous compte pas d’overtime . Soulagés et en règle nous retournons au bateau.

L’après midi nous faisons une petite plongée autour d’un caillou isolé de la cote. On est déçus par l’eau (qu’on nous avait dit si bleue) qui est verte, assez chargée, visibilité moyenne (rien à voir avec celle des Tobago Cays !). Heureusement qu’Albert et Roger étaient là tout aussi curieux de nous que nous d’eux :



 

Le lendemain un autre pêcheur vient nous demander de nous déplacer, on ne peut pas rester là !!! sans explications cette fois ci !!rougnougnou… Nous nous mouillerons avec les autres bateaux de voyage, au milieu de la baie dans une profondeur de 18m (habituellement on mouille dans des fonds de moins de 10m !) qui s’avèrera heureusement de bonne tenue.

Mais cela commence à bien faire, nous voulons changer d’endroit ! Mais pour aller de l’autre coté de l’île, comme on change de circonscription, on doit faire une clearence pratiquement comme quand on change de pays !!! Martial n’arrive pas à y croire et nous retournons voir notre « copain » douanier.

Grace à l’argent du pétrole l’état a construit un hôpital : nous apprendrons plus tard qu’il n’y a pas de médecin et que les gens sont toujours obligés d’aller se faire soigner à la capitale à 3h de route !!


Nous traversons donc un hôpital désert pour rejoindre le bureau des douanes au premier étage. C’est là que nous rencontrons Patrick déjà en prise avec le douanier : il n’y a pas de gazole à Charlotteville (il y a bien une petite station mais ils ne payent pas leurs factures donc pas d’approvisionnement !!). Un bus passe bien ici mais impossible d’acheter un ticket (ils se vendent à l’autre bout de l’île !) La situation est kafkaïenne. Patrick essaie de négocier un déplacement de son bateau, pour faire du gazole sans faire d’entrée-sortie de territoire. De notre coté nous avons l’intention de louer une voiture pour visiter l’île, nous lui proposons donc de lui emmener ses bidons. Lui nous indique où se trouve la personne qui loue une voiture. Finalement un pêcheur remplira son pick-up de bidons de plusieurs bateaux et fera un voyage à la station suivante (une 30ene de km).

Le lendemain nous profitons de notre voiture pour faire un tour d’île. Tobago située à une trentaine de Km au nord est de Trinidad (qu’on aperçoit de la cote sud). L’île fait 42Km de long sur 13Kmdans sa plus grande largeur. L’île est montagneuse (elle culmine à 640m), couverte d’une forêt dense. Au sud de la chaine le paysage est agricole et pas mal habité et au nord ainsi qu’aux deux extrémités le littoral est particulièrement découpé, présente une succession de baies et criques ainsi qu’un chapelet d’ilots satellites, inhabités.


Notre visite démarre par Speyside un village réputé pour la plongée. La vue sur les petites îles (au premier plan, ile privée Goat island, au second plan little Tobago) en face est magnifique.


Ici la vie est tranquille ….


Nous poursuivons jusqu’à Roxborough, gros village à la sortie duquel il y a les chutes d’eau d’Argyle que nous partons visiter. Ce sont les plus visitées de Tobago : une ballade d’un quart d’heure sur un chemin de terre nous permet d’y accéder :


 



Nous avons juste le temps d’une baignade rafraichissante avant l’arrivée d’un car de touristes (Tobago est le lieu de vacances privilégié des habitants de Trinidad)

Nous poursuivons notre route pour déjeuner à la capitale Scarborough (une super pizza faite par un couple d’Italiens exilés !). Nous rentrons par la côte au nord, plus sauvage et plus découpée et avec de magnifiques aplombs :




A notre retour à Charlotteville nous retrouvons notre annexe en vrac dégonflée, pleine d’eau, le banc enlevé et la housse un peu déchirée. Le ponton est un plongeoir idéal pour les enfants de Charlotteville, mais là quand même nous les trouvons sans gène ! La tension monte, journée douche écossaise….

Le lendemain matin Patrick nous rejoins (à la nage) et nous demande des nouvelles de notre annexe. Nous lui racontons nos mésaventures…En fait le dinghy-dock (=ponton à annexes mais en français « ça le fait moins ») est rajouté et accolé à un ponton en béton plus haut :


A marée basse, le vent a poussé notre annexe sous le ponton en béton et quand la marée est montée l’annexe s’est trouvée bloquée, risquait de se détruire complètement. Voyant cela Patrick a demandé à un enfant (assez petit pour rentrer dans l’annexe coincée) de la dégonfler pour la sortir de son piège. Le gamin a eu du mal, a dû enlever le banc pour accéder aux bouchons….nous sommes confus d’avoir douté et désormais nous jetons un grappin pour la tenir éloignée du quai.

Pour remercier Patrick nous l’invitons avec Pascale à l’apéro. le soir même. Ils reviennent d’un tour du monde de 6 ans. Ils ont pleins de choses à nous raconter, à nous apprendre. Nous avons en commun de posséder un lagoon, mais bien que de la même marque nos bateaux sont très différents, évolution de la marque…. Nous pourrons comparer à notre tour quelques jours plus tard quand nous irons à bord de  « Lady Anne » gouter l’excellente pizza de Pascale.


Patrick est une mine de connaissances techniques et fera un « cadeau » à Martial : il a mis au point par écris une méthode pour démonter les cônes d’embrayage et les nettoyer et il lui fait une copie.

Nous ferons une plongée sympa ensemble où nous verrons une énorme tortue et de grosse murènes javanaises.(non vous n’aurez pas de photos, Martial avait oublié son appareil L )

Merci à Patrick et Pascale, pour leurs histoires et leur sourire ;

Petit à petit nous prenons nos marques : pour une somme modique on s’inscrit à la bibliothèque (construit avec et à coté de l’hôpital) et on a accès au wifi dans un lieu climatisé !! Tous les marins et les voyageurs se retrouvent à la bibliothèque qui devient un lieu de rencontre : à l’extérieur sur les escaliers ceux qui essayent d’avoir leur famille par skype , à l’intérieur ceux qui peaufinent leur blog.


Les pêcheurs ont des bateaux nickel avec des bons gros moteurs et je pense qu’ils gagnent plus des subventions de l’état que de la pêche. Les barques sont identiques à la personnalisation prés




 


On sent qu’ils sont fiers de leur bateau


Aller un petit dernier pour la route


 

Un jour au retour, un pêcheur nous propose un petit thon qu’il vient de pêcher : nous lui achetons avec plaisir. Le lendemain en partant il nous offre 3 avocats. Touché Martial prépare un billet pour le remercier.

Le lendemain à 7 heures, notre pêcheur nous dépose une vingtaine d’avocats, il a droit à son billet.


Nous en offrons à nos voisins de mouillage. Je rassemble toutes les recettes d’avocat que je trouve.

Quelques jours plus tard alors que nous sommes à terre en fin de journée « notre » pêcheur nous réclame de l’argent : « les avocats valent plus que ce qu’on lui a donné »…en fait il a besoin d’argent pour son apéro. Martial est vexé par la méthode …douche écossaise.

Tous les soirs nous assistions à un spectacle magnifique : le coucher du soleil. Le ciel s’embrase, c’est magique et tous les soirs différents.




Le village se couvre de lumière rouge



J’ai alors l’impression que le stress n’a jamais pu s’approcher de cet endroit….

Nous décidons d’aller faire des ballades autour de la baie : c’est tout de suite la forêt coté nord de la baie au dessus de pirate’s bay.

Vue du village et de son ponton


Nous entendons toutes sortes de cris et nous arrivons même à voir certains auteurs




Je ne m’attendais pas à trouver un écureuil ici !!Et au milieu de la forêt un éco lodge compréhensif :


Un autre jour nous partons jusqu’au « fort Hamilton » (enfin ce qu’il en reste : 2 pierres et 3 canons) où la vue sur la baie est splendide

 


Le prix du gazole est de 0.19€, nous décidons donc de louer une voiture de la remplir du maximum bidons (200L) et de faire le plein. La location de voiture est largement payée par ce que l’on gagne sur le gazole.

Nous en profitons pour faire une ballade : direction Castara sur la cote Nord. Nous y trouvons une cascade que quelques personnes sont en train d’aménager pour commercialiser la visite. 10mn de marche le long d’un ruisseau, dans une nature luxuriante

 

 

 

 

 

 

 


et nous arrivons

 


Mais l’eau froide n’est pas sans incidence…

 

 

Heureusement on se réchauffe vite dans ces latitudes. Nous ferons une marche dans le parc national écourtée par la pluie avec toujours des rencontres

Et des perroquets dans les arbres …ça existe encore !!

 

 

A la sortie du parc nous nous offrons la spécialité locale un roti chacun : cela n’a rien à voir avec les notres. Dans une grande crêpe ils mettent un curry de pommes de terres et au choix poulet, porc ou poisson. C’est délicieux et ça cale pour l’après-midi.

Au retour nous faisons un détour par l’antenne perchée tout en haut de Charlotteville. Nous y découvrons une vue à 360° à couper le souffle.

Au nord quelques îlots

 

Coté sud notre mouillage

Et à nos pieds

Et des paons en liberté ! moi qui croyais que c’était une espèce endémique des zoos…

Au retour nous ramenons la voiture chez Noël notre loueur de voitures. C’est un artiste qui sculpte sur des calebasses et fait des voyages en suisse pour les vendre. Il habite une petite maison sur les hauteurs avec une vue somptueuse sur la baie. Il nous parle de Tobago, de leurs difficultés, de sa vie…belle rencontre.

Nous nous sommes pas mal baignés autour du bateau pendant notre séjour. Nous y avons vu pas mal de vie : tortues, banc de seiches, Martial a vu une énorme raie, des bancs énormes de glass -fish …mais la rencontre la plus surprenante est celle d’un bébé tortue

Nous l’avons vite laissé repartir en lui souhaitant bonne chance. Ce jour là il y avait pas mal de vent, et j’ai été impressionnée par son énergie et l’efficacité avec laquelle elle remontait le courant.

Voilà c’est la fin de notre séjour, retour aux autorités pour la sortie de territoire : et surprise ce n’est pas le même douanier. Nous engageons la conversation et nous apprenons qu’ils sont nommés pour 9 mois et sont mutés ailleurs, pas facile la vie de famille dans ces conditions…

Départ sous parasailor pour Princkly Bay . Au bout de deux heures de nav’ un hélicoptère de l’armée, nous survole, puis revient sur nous, fait un point fixe à notre arrière. Il a la porte ouverte et on voit un homme en treillis avec le pouce en l’air :« il kiff notre bateau » dit Adrien. On se fait des signes de la main

 

Tobago nous a laissé une impression mitigée : l’argent du pétrole aide les gens à sortir de la misère et facilite bien des choses, mais le changement est en route sauront-ils le gérer ? C’est une île fabuleuse par sa nature, sa faune et par la gentillesse naturelle de ses habitants.