75. UA POU

Nous quittons Nuku Hiva pour Ua Pou, île des Marquises, située à 26 Milles (50 Km environ) au sud. Partis dans la matinée nous arrivons tranquillement l’après midi face à une île qui me fait penser à un château de contes de fées. Sur son socle volcanique, Ua Pou a 12 pitons de basalte de plus de 1000m qui ont des allures de donjons.

Les nuages qui sont accrochés presque en permanence lui donnent un air mystérieux.

Nous sommes à Hakahau, chef lieu de l’île, au nord est.

C’est un village paisible, au bord d’une jolie baie où le soir venu des pirogues font du surf dans les vagues.

Nous y trouvons une superette très bien achalandée (mieux qu’à Nuku Hiva !), un snack où nous avons très bien mangé et une coopérative qui tient lieu de marché.

Tous les 4 ans a lieu dans une des 3 îles principales (Nuku Hiva, Hiva Oa et Ua Pou) le « festival des îles Marquises ». Pendant 5 jours en Décembre, le festival a pour objectif de réactiver la mémoire collective et à sauvegarder la culture locale : danses, chants, sports traditionnels, préparations culinaires, artisanat. Chaque festival donne aussi lieu à des restaurations de sites archéologiques. La première édition a eu lieu en 1987 à Ua Pou. Estrosi (oui le même que nous avons à Nice !) alors ministre de l’outre mer était présent et l’île a eu des subventions pour refaire la mairie et l’école maternelle. Ils ont refait l’école maternelle, plus en hauteur (la région est sujette aux tsunamis) et du coup l’ancienne est devenue un centre de vie. On y trouve un centre artisanal, la coopérative et une petite librairie.

Nous mangerons plusieurs fois à la coopérative : genre de buffet où le plat coute 500 CFP soit 4€ ! et en plus c’est bon ! C’est la sœur d’Henri (de Nuku Hiva) qui nous accueille. La librairie voisine diffuse un wifi gratuit, ce qui fait que tous les marins s’attardent à table. Le libraire a suivi sa femme marquisienne, mais lui vient de Nice (le monde est petit !).

Je me suis attardée au centre artisanal.

En plus des sculptures sur bois et basaltes traditionnelles aux Marquises, la « spécialité » de Ua Pou est le caillou fleuri.

 

Ce sont des phonolites d’origine volcanique, dont la cristallisation prend la forme de fleurs aux reflets d’or. On ne trouve ces pierres que dans 2 endroits au monde : au Brésil et à Ua Pou. Je n’ai pas pu résister… J

Le lendemain nous voyons arriver Layang un bateau aluminium avec à bord Bernard, Viviane et leur fils Vasco. Nous avons en commun (en plus d’une annexe jauneJ) de venir de la Réunion. Du coup, échange d’apéros, où l’on parle créole, Réunion, voyages et bateau évidemment. Nous avions projeté de faire le tour de l’île ensemble, mais le mauvais temps nous a découragé. Ce sont eux qui nous indiquent la prochaine messe du dimanche à ne pas rater !

Le Dimanche suivant, malgré la pluie nous nous dirigeons vers l’église.

C’est le jour où les jeunes font leur communion.

Les gens se sont habillés pour la circonstance : les couleurs dominantes sont celles du drapeau marquisien, blanc, rouge et jaune pour les vêtements et fleurs dans les cheveux.

Les couronnes des femmes rivalisent de beauté et d’originalité, de vraies œuvres d’art.

 

Les mamans et leur fille ont des couronnes assorties.

L’église est décorée de bouquets, dignes des plus grands fleuristes.

Chaque communiant reçoit une petite figurine sculptée.

Cette remise donne lieu à des danses tahitiennes.

 

Le tout au son des tambours installés au milieu de l’église.

 

Tout est joyeux, coloré, enjoué.

A la fin de la cérémonie, après une photo des communiants devant le parvis, on leur offre un cadeau.

Une démonstration de hakka.

 

Ce fut un spectacle (pour nous), un moment de vie (pour eux) touchant et d’un grand sens esthétique.

Ils poussent d’ailleurs le sens de l’esthétique à chaque instant de leur vie quotidienne. En Polynésie la monnaie est le francs CFP et les billets ont des thèmes. Ils sont facilement identifiables et beaux.



 

 

Les Marquises sont le royaume du tatouage : tous les marquisiens, hommes ou femme, en ont. Certains « tatouent » même leur voiture.

 

 

Nous profitons d’un jour de beau temps pour grimper jusqu’à une croix qui domine la baie où nous sommes mouillés

et celle d’à coté plus sauvage.

 

 

Le vent est pas mal monté, mais nous nous sommes bien abrités au fond de notre baie. Par contre elle se remplie de plus en plus : les bateaux arrivent des baies voisines moins bien abritées et personne ne sort attendant un temps plus clément. Cela devient compliqué, nous sommes tous sur 2 ancres pour éviter de tourner sur son voisin. Certains dérapent, se replacent. Le point d’orgue est le jour de l’arrivée de l’Aranui (cargo ravitailleur) : il faut dégager de la place, pour qu’il puisse manœuvrer. Heureusement le vent a la bonne idée de baisser un peu, certains en profitent pour partir et nous assistons à un jeu de chaises musicales entre les bateaux qui cherchent une meilleure place. A l’arrivée du cargo tout le monde est correctement ancré, et nous sommes aux premières loges pour admirer une manœuvre millimétrée et bien rodée.

Mise à l’eau des chaloupes à l’entrée du port

Ce sont elles qui vont porter les amarres à terre

S’en suit un moment d’animation : des marchandises sont déchargées, des fruits sont chargés, des passagers (il fait aussi croisière) se baladent.

C’est là en descendant de l’annexe, que je tombe à l’eau et que je noie mon appareil photo : snif ! malgré tous mes efforts pour le réanimer, il refuse de s’allumer. Je reprends mon ancien appareil, mais du coup pour le préserver, je ne ferais pas de photos sous marines…juste avant les atolls des Tuamotus…

Nous partons le lendemain pour Hakahetau au nord ouest de l’île. Nous passons devant l’aérodrome local

A l’arrivée, nous voyons une vallée avec quelques maisons noyées dans la verdure.

Nous descendons à terre sans tarder, un quai nous facilite l’accès.

 

A la sortie du quai nous sommes accueillit comme il se doit :

Il règne une ambiance paisible de bout du monde. Les enfants tout fiers de leur savoir en anglais disent « Hello », « Hi » tout étonnés de voir Martial (qu’ils prennent pour un américain) leur réponds bonjour.

Les jardins regorgent de fruits et de fleurs.

Le lendemain nous avons un programme chargé.

Nous partons pour une petite ballade jusqu’à la cascade de Vaiea.
J’entends certains dire encore une cascade! Mais ils ne savent pas que nous comptons écrire le « guide des cascades du monde » J

En traversant le village, nous entendons des bruits de choc, nous nous penchons pour essayer de voir l’origine de ces coups…et nous sommes invités à nous rapprocher.

C’est un couple qui bat la « bourre » de la noix de coco, pour n’en garder que la fibre.

Ils font des petits fagots de ces fibres, qu’ils vendent. Cette fibre sera transformée en corde très spéciale, celle qui tient la peau des tambours (si populaires en Polynésie)…c’est du boulot ! Demandez à Martial…

La ballade est facile et agréable si ce n’est la boue qui colle à nos chaussures et dont nous avons du mal à nous défaire.

La cascade est bien rafraichissante, mais une horde de moustiques la défendent.

A la sortie de l’eau, il y eu une course de vitesse entre se sécher, se changer et mettre de la bombe anti moustiques. Nous apprendrons plus tard qu’il faut faire du feu avec de la bourre de coco (ça sert à tout ici), les moustiques n’aiment pas la fumée.

Nous nous dépêchons de redescendre, car nous avons réservé chez Ti’Pierrot, « le meilleur resto de toutes les Marquises » (merci aux Suricat pour l’info).

C’est un couple Franco-Marquisien, qui a accepté de nous recevoir alors qu’ils avaient déjà une grande table d’une dizaine de personnes. Et nous n’avons pas été déçus, loin de là. Duo de tazard (tazard fumé maison (!) avec une petite sauce citronnée, tournedos de tazard frais), lasagne de légumes et frites de rutu (= fruit à pain), nous nous sommes régalés, c’est digne de tables étoilées.

Le repas se passe chez lui, sur sa terrasse. Les murs sont tapissés de souvenirs. Ancien cuisinier de la marine, il a beaucoup voyagé sur la Jeanne d’Arc. Malgré la grande table voisine(le proviseur du collège de Ua Pou qui a finit son contrat et rentre en France, la mort dans l’âme.) Ti’Pierrot prend le temps de venir nous parler de ses voyages, de ses enfants, de sa vie … Une belle rencontre et un très bon repas. Et en prime, ils nos offrent un accès internet (qui ne marche pas ce jour là L) et un gros sac de pamplemousses ! Ils savent rendre heureux les navigateurs ! Un grand merci à tous les deux.

De retour au bateau, la houle se fait sentir, et pour passer une nuit plus tranquille nous partons nous mouiller au sud de la pointe Panahu. Nous serons seuls, dans une baie déserte.

Le lendemain, faute de trouver un mouillage correct (au sud ouest de Ua Pou) et du wifi, nous partons pour Fakarava, atoll des Tuamotus, changement de monde…à suivre….