67.PANAMARINA

Nous quittons Porvenir sous la pluie et avec une grosse houle de travers. Nous arrivons vers 15h à Panamarina qui nous accueille et nous place tout de suite.

C’est une marina qui appartient à un couple de Français Sylvie et J.Paul. Nous étions venu pour 10 jours nous sommes restés 42 (pour être précis J). L’état de santé de sa grand-mère s’étant dégradé, Martial a préféré passer les fêtes de Noël en famille.

Nous sommes en pleine nature et les premiers temps, il tombe des trombes d’eau avec des coups de tonnerre impressionnants.

Avec la pluie, nous avons eu pas mal de « Chitras » (sorte de petit moustique invisible) dont les piqures étaient tellement nombreuses (et douloureuses) que j’ai été obligée de prendre des antihistaminiques. Apparemment c’est une situation banale dans la région !! Heureusement petit à petit le vent revient, chassant les nuages et…les Chitras.

C’est une petite marina très bien tenue.


Ils peuvent aussi sortir les bateaux.

Mais surtout il y a un restaurant où nous mangerons tous les jours.

Avec le sourire et de la gentillesse d’Isabelle et de Nicolas (qui gèrent le restaurant) nous mangeons d’excellentes viandes et mes hommes feront une cure de mousses au chocolat.

Isabelle et Nicolas nous organisent même un repas à Noël (où il y avait beaucoup de monde de l’extérieur) et surtout un repas de nouvel an avec seulement des navigateurs et où on a fêté les 15 ans d’Adrien avec …une mousse au chocolat évidemment !!

C’est aussi le lieu de rencontre des navigateurs. La langue la plus parlée ici est le français (ce qui est beaucoup plus facile pour nous), mais beaucoup de monde ici parle aussi espagnol et anglais. Il y a une super ambiance et chose incroyable, Adrien rencontre des ados de son âge : Paul (15 jours de moins qu’Adrien), sa sœur Clémence 13ans et plus brièvement Pauline et Basile, jumeaux de 15 ans. La journée de Cned finie, ils s’éclatent : wake board, skim board, grandes baignades en poussant des cris, mais aussi jeux de société au restaurant ou visionnage de films dans la cabine d’Adrien…

Nous sommes très proches d’une autre baie.

Les gens du village voisin Cacique ont creusé un tunnel dans la mangrove pour y accéder directement.

Un soir je suis allée me balader à la rame sur le paddle dans le tunnel, un groupe de singes capucins est venu tout prés…je ne sais qui était plus curieux de l’autre. Ils me faisaient rire avec leur attitude, comme des gosses qui savent que c’est pas très bien mais ne peuvent pas s’empêcher de regarder. A un moment donné, un petit a voulu se rapprocher encore plus et la branche a cassé, il s’est rattrapé de justesse avant de tomber à l’eau. Ce fut un moment magique, comme je les aime, malheureusement je n’avais mon appareil photo.

De l’autre coté s’ouvre Puerto Lindon. Au fond de la baie un petit restaurant « chez Hans ». C’est un Hollandais qui vit là avec une panaméenne, et qui sert des bons repas locaux et pas chers. Il nous a remplit nos bouteilles de gaz. Il a eu la bonne idée d’installer des bouées pour attacher les annexes à l’arrière et éviter qu’elles ne s’abiment sur les rochers. Hans doit savoir que l’annexe pour un marin, c’est comme une voiture pour les gens éloignés de la ville : indispensable pour les courses et les ballades. Bref Hans est une adresse pratique pour les marins.

L’attraction du coin c’est la présence de deux singes sur l’île de Lindon en face de chez Hans. Les singes ont été amenés à des fins d’observations scientifiques sur l’île et laissés là, après renoncement du projet.

Dés notre approche de l’île, nous sommes observés…

Est-ce qu’ils ont des bananes ? des gâteaux ?

C’est le male qui arrive en premier : il veut une banane, pas de serrage de mains …

Puis c’est la femelle plus timide qui s’approche.

 

Ce sont des singes-araignées. Ils ont « le museau court, des yeux dirigés vers l’avant et un cerveau bien développé ». Leurs membres très longs auxquels s’ajoute une queue préhensile qui les aident à grimper aux arbres. Ils sont cousins du ouistiti et du singe hurleur.

J’ai été émue par leur regard et certaines de leurs attitudes si proches de celles des hommes.

Une partie de leur famille vit juste en face! Ah, je vous entends d’ici, attention pas de dérapage…je ne parle pas des marins J, mais des singes hurleurs. Ils sont difficiles à voir (nous n’avons pas réussit à en voir), mais ne passent pourtant pas inaperçus. Ce sont les créatures les plus bruyantes de la forêt tropicale environnante ! Au lever et au coucher du jour, ils poussent des hurlements beaucoup plus sonores que leur taille pourrait le laisser imaginer.

En partant nous faisons un détour vers un voilier mouillé dans la baie : on nous a dit qu’il avait un paresseux qui s’était invité à bord !

Il est en position incongrue, il parait qu’il est arrivé tout seul à la nage !! Milles questions nous viennent : ça nage un paresseux ? Pourquoi ? Comment il a fait pour monter à bord ?

La situation nous parait tellement impossible que nous commençons à douter du propriétaire du bateau…nous serons « punis » peu de jours plus tard.

Un soir (Martial était partit à la Réunion), Adrien revient en annexe de nuit et en profite pour se doucher dans le noir sur la jupe. Juste au dessus de lui une boule de poils accrochée au support de l’éolienne ! il pense d’abord que j’ai sorti les décors de Noël, le touche du bout des doigts et hurle « Maman, y a un paresseux à bord » !! Après le premier moment de stupeur, les questions se bousculent …voici un florilège de celles que Martial m’a envoyé par mail : comment il a réussit à grimper là ? Comment expliquer ça ? Furieuse envie de partir à la découverte du monde ? Il a choisi Ylang après avoir consulté le blog ? De tous les bateaux c’est le Lagoon qui répondait le mieux à son cahier des charges, vu le confort à bord ? Il est tombé amoureux de toi ? Sur quels critères ? Silhouette ? Odeur ? Tu lui rappelles sa mère poilue ? (merci beaucoup, trop gentil…).

Le lendemain matin notre nouveau copain, s’était installé plus confortablement, en bas. Mais nous n’avons pas eu le temps de faire connaissance : les marinéros qui font leur ronde tous les matins l’ont remarqué. Ils lui passent une corde autour du corps, le soulève et le ramène à terre où il sera déposé sur un arbre.

Les recherches internet nous apprennent que le pelage du paresseux recèle une flore et une faune d’une richesse longtemps insoupçonnée. La structure des poils, ainsi que l’humidité ambiante permettent l’installation d’une microflore d’algues unicellulaires. Ces algues améliorent le camouflage du paresseux, mais servent aussi de nourriture à d’innombrables insectes et acariens.

Un seul paresseux pouvait héberger à lui seul plus de 120 papillons, près de 1 000 coléoptères et d’innombrables acariens.

Les papillons sont également liés au paresseux du fait de son mode de défécation. Lorsque, tous les 8 jours, les paresseux descendent à terre, ils déposent environ 56 g de petites crottes plus ou moins ovales. La femelle papillon quitte le mammifère à ce moment. Elle va pondre dans les excréments du paresseux et la chenille s’y développera. Après la métamorphose, l’adulte s’envole vers le sommet des arbres à la recherche du pelage des paresseux.

Jolie peluche…mais câlins déconseillés.

Panamarina a l’inconvénient d’être juste à coté du bout du monde… Pour le ravitaillement c’est une expédition. Hugues et Sylvie ont eu la gentillesse de m’emmener une fois. Cela nous a pris toute la journée avec un retour en taxi négocié à 45$ !! Heureusement il y a des marchands de fruits et légumes qui passent à la marina régulièrement.

Il y a un bus qui passe le matin à 5h30, si vous ne vous levez pas assez tôt, il faut marcher une grosse demi heure pour espérer avoir un bus aux horaires aléatoires.

 

 

 

 

Extérieurement ils sont joliment peints.

 

 

 

 

Intérieurement c’est plus authentique, le chauffeur ne quitte pas son chapeau de paille…et son sac d’oranges !

Nous avons pris un de ces bus pour aller passer 2 jours chez Miguel. C’est un français qui a monté un gite en pleine nature. Donc 3/4h de marche+ ½ d’attente de bus (où on a le temps d’observer un écureuil) +1h de bus shaker nous arrivons à une route qui part vers la montagne.

Là il y en a encore pour 1h de marche le long d’une rivière…mais j’avoue que nous avons triché : un pickup nous a pris en stop.

Nous arrivons à un embranchement où nous avons rdv avec Miguel. Il nous fait traverser la rivière avec « maman », sa chienne (fallait oser comme nomJ)

Allez on y est presque, encore 20mn à grimper tout mouillés (c’est super comme cela quand on arrive on sera secs ! nous a lancé Miguel avec un sourire en coin) et on arrive dans son petit paradis.

Miguel nous présente les lieux : la salle de restaurant avec attenant la cuisine.

 

Notre suite avec WC et moustiquaire à tous les lits…le grand luxe !

La zone bains douches.

Et la salle de repos.

La vue sur la rivière est imprenable.

 

Miguel nous a cuisiné de super repas avec des produits qu’il a fait pousser lui-même : manioc, bananes, ananas…

C’est un homme plus grand et plus carré que Martial, qui fait tout lui-même : les cabanes où l’on dort, le réseau d’eau en direct de la rivière, les évacuations…et la cuisine( !) Impressionnant…

Il s’est tout de même équipé de deux montes charges.

L’après midi nous descendons à la rivière, prendre un bain dans l’eau fraiche et douce.

Il y a une sorte de balançoire pour se jeter dans l’eau et mes hommes en profiteront bien.

Pendant ce temps je me fais faire une peau toute neuve par des petits poissons nettoyeurs.

Le lendemain nous partons faire une ballade pour voir des petites cascades.

Nous étions 12 personnes sur le site et surtout Miguel attendait 40 jeunes (qui font une école spéciale : tour d’Atlantique en 6 mois). Du coup il était sur les dents, et nous gardons une petite frustration. Nous n’avons pas vraiment rencontré cet homme qui doit avoir tant de choses à raconter et à nous faire découvrir, et nous n’avons pas non plus fait de rencontres animales (au mieux nous avons entendu les cris des toucans et des singes hurleurs).

Le retour fut épic : arrivés à la rivière, nous nous rendons compte que nous avons oublié nos maillots dans la cabane : Martial remonte, vite vite on se dépêche, peur de rater le bus. Arrivés à l’arrêt de bus nous entendons des petits cris : une chienne est en train d’accoucher au milieu des ordures. Nous trouvons une sorte de plat, où nous vidons tout ce qu’il nous reste comme eau…elle l’avale d’une traite.

Passent devant nous 4 à 5 bus qui ne s’arrêtent pas, un qui s’arrête mais qui ne va pas dans la bonne direction et au bout d’une heure trente, arrive enfin le bon bus : il a un écriteau avec le bon terminus et le chauffeur confirme à Adrien que c’est bon. Nous nous détendons, regardons le paysage. Heureusement après un embranchement, une dame alerte le chauffeur : nous devons descendre !! Nous ne sommes plus dans la bonne direction ! Stupeur !! Le chauffeur a changé le panneau de direction et surtout ne nous dit rien ! Il nous débarque donc sur le bord de la route, nous rejoignons le carrefour où un panneau indique que nous sommes à 10kms de notre but et la nuit tombe…nous commençons à marcher mais nous sommes inquiets… au bout d’une demi heure, il fait nuit et nous avons la chance d’avoir un pickup qui nous prend en stop et nous dépose devant la marina !! Quel soulagement ! Nous allons pouvoir passer la nuit chez nous !

Le vent et la mer se sont levés, la houle est assez importante pour bloquer les bateaux dans la marina, plus personne ne bouge…

Nous partons faire des ballades au village voisin Cacique et à l’antenne sur ses hauteurs. La vue sur la marina et Puerto Lindon est magnifique.

Nous occupons nos soirées…

 

Du coup nous faisons encore un peu plus connaissance avec les autres équipages. Nous organisons deux apéros sur Ylang, soirées mémorables où nous apprenons des tas d’anecdotes de voyage. Merci à Lucien , Alain, Hugues et Sylvie(qui partent vers la Polynésie et que nous espérons revoir), Didier et Marie Noëlle (qui traverserons le canal avec nous), Christian et Sylvie (pour leur sens de l’humour et de la vie) et merci à Benoit (surnomé le maire de Chichime) et Berta qui ont fait honneur à notre rhum et qui nous ont fait voir les San Blas sous un autre angle, mélange entre influences occidentales (lieu de passage de drogue, profit du tourisme…) et traditions ancestrales …loin de l’image naïve que j’en avais.

La veille de notre départ l’apéro sera chez Christian et Sylvie avec encore beaucoup de rires et d’histoires loufoques.

Ils sont aussi sur le pont pour notre départ…

Le Pacifique appelle Ylang, mais il va falloir d’abord passer « the » canal …