Le jeudi 14 Mars nous quittons Fortaleza, en fin de matinée après avoir aidé Birabao et La Julienne à se décrocher.
Le parasailor est mis en place, nous partons Nord ouest jusqu’aux premières plateformes pétrolières que nous atteignons en début de nuit. A partir de là nous pouvons partir plus à l’ouest (abattre pour les voileux) et du coup avoir une mer plus confortable trois quart arrière. Le jour suivant nous avançons pas mal (183milles) toujours sous parasailor. Les deux jours suivants sont plus compliqués : on a l’impression (qui est sûrement une réalité) de traverser la ZIC (Zone Intertropicale de Convergence….pour ceux qui ont du mal à suivre, revoir mon chapitre « la traversée » J ). Les changements de temps se succèdent, petit temps au prés, grains, vent plus fort, du coup aussi pour nous changements de voiles fréquents.
La joie de Martial :les grains cela rince le bateau ….et son capitaine.
Nous croisons des dauphins le dimanche après midi. Avec Adrien on en remarque un qui a une grande balafre sur le dos, et on essaye d’imaginer de quel genre Pb il est rescapé. Le lendemain, dans l’après midi de nouveau nous sommes entourés d’une bande de dauphins. Et nous retrouvons notre balafré !!!Ce jour là nous avons parcouru 180milles (1 mille=1.85km …je vous laisse calculer) .Comment ont-ils fait pour nous retrouver dans cette immensité qui semble vide ? Est ce qu’ils ont voyagé avec nous ? A quelle distance ?
Nous sommes portés par un courant et le dernier jour nous battons notre record de distance sur 24h : 211milles. Nous arrivons de nuit aux iles du Salut…cela devient une habitude les arrivées de nuit ! L’approche est bien balisée par des feux mais l’arrivée au mouillage vers 1h du mat, sans lune, nuit noire je n’aime pas, mais pas du tout, du tout. Heureusement on a un phare très puissant qui nous permet de nous situer par rapport au rivage et aux autres bateaux. (Cela fait une éternité que ce phare me suit de bateaux en bateaux …et dans ces moments je l’aime, je pense que cela devrait être un équipement obligatoire)
Le lendemain à 8h Adrien nous réveille : Birabao nous tourne autour : lui n’a pas osé mouiller dans la nuit noire et a tourné autour des iles. Christian est fatigué, ne veut pas s’arrêter et s’en va directement à Kourou.
Nous sommes mouillés dans le creux de l’ile royale. Nous découvrons l’écrin de verdure où nous sommes. L’eau semble claire : cela nous change du Brésil !
L’ambiance est calme sereine et on a du mal à imaginer toute la souffrance que ces îles ont portées. Nous décidons de passer la journée là pour visiter l’Ile Royale.
Les épidémies de fièvre jaune dues à l’insalubrité du climat guyanais, au manque de nourriture et d’eau potable, ainsi que les installations précaires avaient décimé la plus grande partie des colons d’origine française, convoyés en Guyane pour peupler le territoire. Les survivants, qui trouvèrent refuge sur ces îles au climat plus favorable et dépourvues de moustiques, les rebaptisèrent alors « Îles du Salut ».
Mais ce « salut » est de courte durée et la réputation de « triangle maudit » et de « terre d’enfer » allait être confirmée. Sous le Second Empire, à partir de 1854, l’administration pénitentiaire y instaure un des bagnes les plus durs au monde, où passeront 70 000 prisonniers.
L’île Royale accueillait l’administration ainsi que l’hôpital, l’île Saint-Joseph servait pour les « fortes têtes » et l’île du Diable pour les espions, les détenus politiques ou de droit commun. Alfred Dreyfus (1894) et Guillaume Seznec (1923) en furent les prisonniers les plus célèbres, ainsi qu’Henri Charrière (1933) qui décrivit dans son livre Papillon son séjour et ses tentatives d’évasion (souvenirs en fait souvent « empruntés » à ses codétenus).
Nous descendons à terre , après une courte montée nous arrivons sur un plateau où étaient concentrées la plupart des installations de l’île.
A l’entrée du plateau….
Du coton, sur pied…moi qui avait toujours vu ça dans une salle de bain…la citadine que je suis encore s’émerveille.
Puis nous passons par un genre de poulailler où les animaux sont en liberté : il y a bien sûr des coqs et des poules (pour respecter la forme !) mais aussi un paon magnifique
Des haras
Et surtout des agoutis (sorte de rongeur intermédiaire entre la marmotte et le ragondin…)
La visite est libre sur l’ile, seules quelques plaques nous expliquent l’usage des bâtiments. Certains sont en cours de rénovation mais beaucoup sont en ruine.
La plupart des cellules n’ont pas d’ouverture sur l’extérieur…
L’hôpital (bâtiment devant Martial) est interdit d’accès, trop dangereux, prêt à s’écrouler.
Le phare, construit après la fermeture du bagne, nous a bien aidé la nuit précédente.
L’église où des bagnards ont peint quelques scènes de la vie quotidienne.
Il y a un contraste saisissant entre la lourdeur du passé et une belle nature luxuriante et sereine qui a repris ses droits.
Nous partons faire un petit tour d’ile : les vues sont magnifiques
Une petite rencontre au milieu de l’ile
Une belle piscine naturelle.
Vue sur l’ile au diable. Interdit de s’approcher du bord : attention courants violents, danger !!!
Adrien devant l’ile St Joseph
Après une journée revigorante nous repartons pour Kourou.