54.STATIA

Après un très looooongue pause nous sommes contents de nous retrouver. Adrien est revenu avec le poignet droit cassé de son séjour linguistique. Cela n’arrange pas son retard au Cned. Martial a bien travaillé et Ylang est tout propre. En dehors du carénage il a fait ressouder l’épontille de mat. Nous nous sommes aperçu par hasard de ce Pb et avons cherché assistance auprès de notre vendeur (Apaca). Comme à chaque demande ils nous font répondre par la secrétaire qu’ils ne peuvent rien pour nous, en pleine contradiction avec leur discours (très commercial) tenu sur les salons. D’autre part Martial s’aperçoit que le génois est roulé à l’envers : bande UV à l’intérieur !! nous ne sommes pas très fiers de nous (il nous a fallut 2 ans pour s’en apercevoirL) mais le « super » technicien qui nous a monté le bateau devrait changer de métier. Du coup nous nous sommes retournés vers d’autres revendeurs de Lagoon, qui nous ont écoutés et aidé au mieux de leurs possibilités. Merci à eux pour leur gentillesse

Bref Ylang Ylang est prêt pour de nouvelles aventures, nous faisons quelques dernières courses en annexe

Après une soirée de pluies diluviennes nous sortons du lagon de St Martin direction Saba. Avant de prendre la route nous faisons un tour dans le mouillage pour dire au revoir à Lady Anne (que nous ne trouvons pas) et nous « tombons » sur Tahaa. Ils nous suivent depuis la méditerranée, nous aurions dû faire le voyage ensemble, partager des bons moments mais les aléas du voyage en ont décidé autrement. Eux poursuivent leur route vers le nord, les Açores, nous redescendons au sud. Bon vent à eux.

Nous arrivons à Saba dans l’après midi sous un ciel de plombs.

Mouillage sur bouée avec un courant travers au vent. L’abri n’est pas terrible et nous passerons notre plus mauvaise nuit depuis le début du voyage (et encore nous avons un catamaran !) Le lendemain, il n’est plus question de visiter Saba (encore moins d’y plonger), nous partons dès le lever du jour pour St Eustache (Statia pour les intimesJ )

Le trajet se fait au moteur contre le vent et avec de la pluie : que du bonheur J . A l’arrivée à Statia ambiance golfe de Fos

Nous apprendrons par la suite que Statia est une « station essence » pour cargos. Ils sont une quinzaine en rade qui stationnent pour faire le plein. Nous ne nous attendions pas à trouver cela en plein cœur des Antilles. Nous nous mouillons au sud ouest de l’île devant la capitale Oranjestad

Nous descendons nous balader à terre, au loin Saba a encore la tête dans les nuages

On est samedi 13h et tout est fermé, heureusement nous finissons par trouver un restaurant qui sert des hamburgers pour le plus grand bonheur d’Adrien.

Nous réussiront à avoir du wifi et nous découvrons que St Martin est en alerte orange pour fortes pluies et orages.

Nous n’avons pas été en reste. La soirée fut apocalyptique. De la pluie, mais surtout des orages avec des éclairs qui lézardent le ciel accompagnés d’un vent d’ouest et d’une forte houle. Les vents sont d’Est en général dans la région et du coup nous ne sommes absolument pas abrités. Nous apprendrons plus tard que même les locaux n’avaient jamais vu cela. Nous sommes sur ancre et notre chaine s’est tendue et nous nous rapprochons dangereusement d’un catamaran qui est sur bouée derrière nous. Heureusement pour nous, eux même sont (trop) proches de la plage et ils décident de partir, nous laissant la place d’éviter. Comme toutes les bonnes choses ont une fin, les orages, le vent et la houle se calment vers 22h et nous pouvons dormir.

Le lendemain c’est le soleil qui nous réveille à notre grand étonnement. Après une matinée de cned nous partons en visite. L’île surprend par la richesse de son histoire.

L’île fut découverte par Christophe Colomb (comme la plupart des îles du coin !) en 1493. Les Français et les Anglais se la disputèrent (comme la plupart des îles du coin !).Des juifs hollandais l’occupèrent et en 1713 et l’île devient hollandaise (non non c’est la seuleJ ). Ils en firent un port franc qui devint un des plus actifs des Caraïbes. La richesse de ses habitants lui valut le surnom de  « Rocher d’Or ». Oranjestad fût la première à saluer en 1776, avec les canons de son fort, le jeune pavillon d’un vaisseau américain et reconnaitre ainsi l’existence des Etats Unis. Cela leur a permis d’augmenter leurs échanges commerciaux, mais en 1781 l’Amiral Rodney vengea ce qu’il considérait comme un affront à l’Angleterre, en pillant complètement l’île (les Anglais s’approprièrent ainsi 75 millions de marchandises. Il
fallut trente bâtiments pour charger l’ensemble en Europe. Le convoi fut capturé à la hauteur des îles Scilly, par la flotte française de La Motte-Piquet). Ce fût le début du déclin de l’île. La population de 18000 hab. pendant sa période faste est passée à 3000 hab. Un tourisme timide et quelques cultures aident Statia à vivre dans une demi-somnolence.

Oranjestad seule ville de l’île se divise en ville haute, bâtie sur la falaise et ville basse. C’est à la ville basse que se situait le commerce, ils avaient même construit de grandes avancées sur la mer pour que les bateaux puissent décharger plus facilement.

La plupart des bâtiments de la ville basse n’existent plus ou sont en ruines. Cependant quelques uns rénovés révèlent la belle architecture de ces entrepôts

C’est dans l’un d’eux que nous trouvons le club de plongée et nous prenons rdv pour le lendemain. L’île est une réserve où il est interdit de plonger hors structure.

Une route étroite et pentue, la « Old Slave Road » relie directement les deux niveaux de la ville. Edifiée au début du 18 siècle, elle servait à l’acheminement des esclaves.

Arrivés à la ville haute nous découvrons Fort Oranje qui a été restauré dans les moindre détails, ce qui lui donne un aspect décor de cinéma.

L’entrée du fort

La cour intérieure

Nous découvrons la vue sur la baie

La petite ville a de jolies maisonnettes à véranda

Carrefour principal

Même les feuilles des plantes sont tirées à 4 épingles

C’est propre, joli et très calme (pas de boites de nuit J ). Nous trouvons un super marché très bien achalandé à mon grand étonnement.

Le lendemain nous ferons une petite plongée où nous voyons ce que l’on voit en apnée du bateau. Le club a besoin de nous « tester » avant de nous emmener sur des « vraies » plongées. Tout le monde a une gentillesse très commerciale. Le club est à 5mn à pieds du port où sont les bateaux. Ils ont donc des camionnettes dans lesquelles nous montons avec notre matos. Mais ce qui est très surprenant c’est qu’à l’entrée du port : interdit de passer la barrière dans la camionnette, tout le monde descend et passe à pied le portique !! c’est ridicule, personne ne comprends la cause, mais les autorités (par ailleurs assez cool) sont intraitables sur ce point !! nous remontons juste après la barrière !

Nous prenons rdv pour plonger sur le « Charles Brown » épave du coin mythique apparemment. (Ils vendent même des T-shirts à son effigie !!)

En 2003, l’île de St. Eustache a racheté le Charles Brown (un câblier de 100m de long construit en 1954) pour un dollar symbolique dans l’optique d’en faire un récif artificiel pour les plongeurs. Beaucoup de volontaires ont participé au nettoyage et à la préparation du navire en vue de l’immersion. L’épave est posée sur 30m de fond et a basculé sur le coté.

L’épave est bien conservée, mais tristement vide, heureusement qu’une petite tortue est venue nous rendre visite en fin de plongée ! C’est un club où les paliers sont interdits et nous sommes surveillés par une dame teutonne (qui ne plaisante pas), donc impossible de descendre sous la coque pour voir si c’est « habité ».

Malgré ce que peuvent en dire les journaux de plongée, pour moi il manque 10 bonnes années de « cuisson » pour que cela devienne une plongée intéressante (=avec de la vie).

Le lendemain nous partons avec un guide local pour un tour de l’île. C’est un Monsieur passionné par l’histoire de son île qui était chargé de la vendre à l’étranger. Adrien (et nous) aura ce matin là un cours d’histoire en anglais ( 2 en 1 !). Nous débutons notre visite par le « Simon Doncker House »

Ancienne maison du gouverneur qui a été transformée en musée. A l’intérieur toute l’histoire de l’île est racontée documents à l’appui. Statia est aussi appelée « l’île aux perles bleues »

Ces perles servaient à acheter des esclaves. A l’abolition de l’esclavage, les anciens esclaves se sont précipités sur ces perles pour les jeter en mer.

Ces perles en simple verroterie, sans grande valeur marchande ont une grande valeur sentimentale et historique pour les habitants de l’île. Elles sont recherchées (notamment en plongée) et aujourd’hui ceux qui sont les descendants d’esclaves aiment les porter. Thalassa a tourné un petit film là-dessus (avril 2012 « l’île aux perles bleues »)

Nous découvrons ensuite des objets de la vie quotidienne de l’époque

La suite de la visite passe par une synagogue (construite en 1739, elle rappelle l’importance de la communauté juive qui participa à l’essor de St Eustache) ….qui attend d’être remise en état

Et le « Gouvernement Guest House »

A l’étage siège le tribunal, et nous pouvons assister en direct à une audience. Notre guide est fier de nous montrer une photo de son père (juste au dessus du juge) qui a été longtemps le maire d’Oranjestad.

Nous partons ensuite pour le point le plus au sud de l’île sur les dernières traces du Fort de Windt. Sur la route nous voyons de belles propriétés installée sur les contreforts du volcan (éteint) qui est à l’origine de l’île : the Quill 600m d’altitude

Ce qu’il reste du Fort de Windt

Au loin c’est St Kitts que l’on voit

Notre guide nous ramène en ville en passant par le cimetière(de l’époque) surtout impressionnant par la taille du flamboyant qu’il abrite

La visite avec notre guide s’arrête là, il doit trouver que seul le coté historique vaut le coup : Statia perle historique c’est indiqué sur les plaques des voitures

Nous irons seuls et à pieds au centre de l’île. Là où jadis les esclaves travaillaient dans des champs de canne à sucre, se situe aujourd’hui l’aéroport

Devant l’entrée des panneaux expliquent que l’île était habitée depuis très très longtemps par des indiens, ils montrent leur façon de vivre en énorme hutte. Ils ont retrouvé des os, des outils et des objets du quotidien qui sont exposés au musée que nous avons visité avec notre guide.

Nous retournons à notre bord la tête pleine de petites et de grande histoires.

Une petite visite aux autorités pour faire notre sortie

Et nous reprenons notre route vers le sud.

Moi qui ne suis pas très portée sur l’histoire, j’ai plus apprécié la richesse du passé de Statia, que ses fonds marins, c’est assez rare pour être souligné