96.SEIZE MOIS A NOUMEA patr1)

Nous avons surveillé les dépressions qui se succèdent et nous finissons par trouver un petit créneau entre 2. Le but est de partir des Fidji sur la fin d’un coup de vent et d’aller assez vite afin que la dépression suivante ne nous rattrape pas !

Départ à 13h avec houle et vent de travers, ça bouge… on est malade mais on serre les dents …c’est dans ces moments là qu’Adrien est furax d’avoir des parents comme nous… ;-(

Le lendemain on avance pas mal (161 milles), toujours vent de travers, nos estomacs se maintiennent et le stock de Mercalm (médicament contre le mal de mer) diminue…Petit à petit la mer se calme et nous améliorons notre moyenne : 175milles le 3ieme jour.

C’est cet après midi là, que nous avons un appel d’un pilote d’avion nous informant qu’il a décollé de Nouméa pour venir à notre secours !!?? Nous avons fait un appel de détresse !!

En fait notre balise de détresse qui était rangée dans un placard s’est déclenchée toute seule ! Avec la houle et les mouvements du bateau un objet en contact avec elle, a appuyé sur le bouton d’appel !! Nous sommes confus, nous nous excusons auprès du pilote. Le pilote sympa « arrête la procédure ». Mais notre balise étant enregistrée (auprès de l’Agence Nationale des Fréquences) cela a déclenché un appel auprès de mes parents qui évidemment étaient morts d’inquiétude pendant que nous poursuivons tranquillement notre route. A notre arrivée en Nouvelle Calédonie, j’avais 10 messages d’inquiétude (Parents, amis, etc.…). Ce qui m’a « rassurée » par la suite est que cette situation est banale : 80% des appels de détresse sont des erreurs !! Il n’empêche que désormais nous seront plus vigilants.

Nous entrons dans le canal de la Havannah au sud est de la Nouvelle Calédonie, exactement 4 jours après notre départ. Nous sommes silencieux, nous pensons à notre prochaine vie, plus sédentaire, à la grande joie d’Adrien…

Nous ne réalisons pas que nous sommes dans une passe…tout est immense, nous sommes un peu intimidés.

Nous jetons l’ancre vers 16h à l’intérieur de la baie de Prony  dans la première crique au nom rassurant : Bon Anse. Tout est calme, nous sommes étonnés d’entendre autant d’oiseaux, et par la suite à chaque ballade en Nouvelle Calédonie nous entendrons énormément de chants très mélodieux d’oiseauxJ. Nous faisons une pause discrète (nous n’avons pas fait notre entrée officielle sur le territoire) car nous n’avons pas le temps de remonter jusqu’à Nouméa avant la nuit.

Le lendemain départ aux aurores, navigation dans le calme du lagon au moteur. Le paysage est nouveau pour nous : c’est une alternance de terres rouges assez désertiques

et d’ilots verts de pins colonnaires

 

Nous sommes avertis qu’il ne faut pas avoir de produits frais à notre arrivée, nous freinons un peu notre allure pour pouvoir engloutir ce qu’il nous reste avant la visite des autorités : hors de question qu’ils me jettent mes précieux fruits et légumes… J

C’est donc avec un frigo vide et un ventre plein que nous rentrons dans la baie de Nouméa vers 13H.

Il y a énormément de bateaux mouillés et il n’est pas facile de trouver une place….

Anthony le frère d’une ancienne patiente de Martial vient à notre rencontre et nous aide gentiment.

Nous appelons le port pour annoncer notre arrivée : Il nous faut descendre à terre avec nos papiers, il n’y a plus de place sur le quai d’accueil 🙁 . A la capitainerie on nous explique que les autorités sont en congés le jeudi AM (et cela tombe bien on est jeudi AM !) et donc pas de visite à bord pour vérifier si nous transportons des nuisibles en tout genre ! Et si les autorités ne montent pas à bord dans les 2h suivant notre arrivée, notre arrivée est considérée validée !

Donc amis navigateurs, si vous ne voulez pas être ennuyés faites votre entrée un jeudi AM !!

A partir de là démarre notre vie semi terrienne à Nouméa …le terme qui colle le mieux à la situation est :

C
MPLQUÉ

Le plus urgent est de trouver une place pour Ylang. Nous faisons le tour des ports : tout est blindé, aucun espoir de ce coté là, il y a des listes d’attente sur plusieurs années…cela me rappelle la Méditerranée.

La baie de Nouméa est assez fermée, c’est un bon abri (sauf par vent d’ouest, qui n’est pas heureusement le vent dominant). Des zones de mouillages sont installées de part est d’autre d’un chenal qui sert à l’arrivée des cargos à touristes.

Le Pb est que la chambre de commerce ne gère rien et que les particuliers peuvent placer eux même leur corps mort (bloc de béton ou n’importe quoi de suffisamment lourd pour retenir un bateau) où ils veulent !! Impossible de trouver même un trou de souris pour jeter son ancre, sans dépasser dans le chenal! Avec le temps il y a même des petits malins qui sont devenus multipropriétaires d’emplacements et en font un commerce. C’est à l’un d’eux que nous avons loué la première bouée coté Nouville. C’est un canadien arrivé il y a 20 ans, jamais repartit. Il bloque les places en mettant des bateaux épaves sur ses bouées. Notre environnement n’est pas terrible. Il y a pas mal de gens qui vivent sur des épaves flottantes…il faut dire que les loyers sont exorbitants à Nouméa. A terre ce n’est pas mieux, la zone est occupée par des « squatters » qui vivent sans eau et sans électricité et le soir venu, nous avons le bruit des groupes. Le bout de la route est occupée par un club de tir et une salle de prière de je ne sais pas trop quelle religion. Le weekend ils mettent la musique à fond et le prêche se fait au mégaphone ! Ambiance garantie….

Sur cette bouée n°1 Ylang est resté un mois sans nous (retour à la Réunion) et nous sommes restés ensuite un mois avant d’avoir la chance d’être tirés au sort par le port pour la saison cyclonique. En effet de Décembre à Avril, la Nouvelle Calédonie est en période cyclonique et peu de visiteurs se risquent dans la zone. Le port attribue donc ses places visiteurs à des bateaux tirés au sort. Nous nous sommes inscrits sans conviction et nous sommes très étonnés et contents d’être élus.

Nous aurons là tout le confort (eau et électricité à volonté), Adrien aura une grande liberté d’aller et venir, mais l’endroit est toujours en mouvement et assez bruyant : en face, les navettes vers les différents îlots

à notre gauche « le bout du monde » bar-resto qui invitent des chanteurs 2 à 3 fois par semaine (qui heureusement vont se coucher à 23H J)

Et tout autour la ville ….avec ses avantages et ….son bruit et ses odeurs d’égouts qui se déversent dans le port L

Le premier avantage est son marché sur les quais.

Petite aparté : ces photos ont été prises par Adrien du haut du mat…il est fier de son exploit ! J

La vie à Nouméa est chère (40% de plus qu’en métropole) mais je suis ravie d’avoir un si bon approvisionnement et avec le temps j’ai su trouver les petits producteurs aux prix acceptables.

Au marché aux poissons par contre le thon n’est pas très cher et je le mettrais souvent au menu.

Chaque weekend le marché aux poissons à son barde…qui nous fait le même effet que celui du petit village de gaulois J

Mais le marché est un lieu de vie, de rencontres aussi. Il y a une partie artisanat qui attire beaucoup de touristes (Australiens, Néozélandais, Japonais…), et puis un bar où il y a toujours beaucoup de monde et une petite crêperie.

J’ai aimé ce marché si riche en couleurs, odeurs, où se mélangent les cultures et les gens. J’ai découvert toutes sortes d’ignames (racine capitale dans la culture Kanak), mais on peut aussi trouver des fraises et des courgettes (prisées par les européens) ou bien toutes sortes de plantes aromatiques (citronnelle, coriandre etc….), et des petites aubergines asiatiques (elles sont blanches et de la taille d’un gros radis) pour les plats d’Asie.