95.FIDJI

Nous quittons les Tonga sous un ciel de plombs et petites pluies intermittentes… L

Mais nous ne sommes pas au bout de nos peines : le lendemain nous avons l’impression d’avoir été téléportés dans la banlieue londonienne. Il fait froid et nous sommes enveloppés par un épais brouillard !! Le point d’orgue sera quand un vent de 30 nœuds (dans le pif évidemment sinon ce n’est pas drôle !) se lève. On affale en catastrophe la grand voile et on met les 2 moteurs en route. Le capitaine est furieux…il n’a pas signé pour ce temps là ! Finalement le temps se calme vers 21h….mais pas la houle ;-(

 

Les Fidji sont composées de 330 îles différentes dont les deux principales sont les plus grandes et les plus peuplées. Nous arrivons le matin suivant au milieu d’un groupe d’iles, les Lau Group, où nous n’avons pas le droit de nous arrêter car nous n’avons pas fait notre entrée dans le pays….dommage…

 

Juste après les îles, nous passons le méridien 180° celui qui est exactement à l’opposée de Greenwich…

 

Après une nuit calme (ouf !) sous une magnifique pleine lune, nous entamons notre dernière matinée de navigation sous un ciel de plomb (encore !), escortés par un banc de globicéphales!

Avant de partir des Tonga nous avons fait de savants calculs pour cette traversée : il faut partir au bon moment pour traverser de jour un groupe d’îles mal cartographiées puis arriver à destination pour faire les démarches un jour ouvrable et pendant les horaires d’ouverture pour éviter les taxes supplémentaires d’overtime. Nous avons envoyé au préalable notre dossier par email (comme on nous le conseil) et nous sommes fiers de nous, quand nous entrons dans le lagon de Levuka, juste après le repas en début d’AM, le timing est bon.

 

Nous sommes le seul voilier (les autres bateaux se dirigent en général plus au sud vers la capitale Suva) et rien ne semble vraiment fait pour nous. Nous appelons donc les autorités et on nous répond que tout le monde est en congé et qu’il faut attendre le lendemain !!Nous sommes un lundi et mes documents sont formels : il n’y a pas de jour de férié à cette date ( ??!). Nous allons donc passer la nuit un peu plus loin et ce n’est que le lendemain que nous apprendrons que les Fidji étant champions du monde de rugby à 7, le gouvernement a offert un jour de congé à toute la population !

 

 

Il faut dire qu’ici le rugby est LE sport national, et bien présent un peu partout !

Le lendemain nous nous mouillons face à la ville. Il y a là un quai défoncé avec un bateau échoué tout au bout et une forte odeur de poisson pourrit qui nous prend à la gorge. Pas très glamour comme ambiance !

 

 

Si l’ensemble n’est pas très accueillant, les gens sont d’une très grande gentillesse. Tout le monde nous fait de grands sourires et nous commençons notre cure de « Bula » (= bonjour en Fidjien). Bula, bula (prononcez boula) rythmerons toutes nos ballades aux Fidji, réputés pour être un des peuples les plus accueillant du Pacifique!

En cherchant la mairie (seule habilitée à nous fournir le fameux « permit cruising », sésame indispensable qui prouve que nous avons l’autorisation de nous promener dans les eaux Fidjiennes) nous comprenons l’origine de la forte odeur de poisson : une « fabrique » de boites de thon qui doit donner du travail à toute la ville !

 

La petite ville est délabrée, mais proprette et je lui trouve du charme

Nous profitons d’un bon repas et d’une très bonne (à mon goutJ) bière locale à tout petit prix car le niveau de vie ici est bas et Levuka est loin d’être une ville touristique.

Les épiceries locales ne sont pas extraordinaires, mais depuis Raiatea je n’avais pas vu autant de marchandises sur les rayons et je suis ravie. Les Fidji sont producteurs de farine (ils fournissent la Polynésie) et pour la première fois depuis longtemps je peux choisir entre plusieurs sortes de farines, de riz de légumes secs…le luxe quoi ! J

Certaines boutiques exposent d’immenses tapas (« tissus » fabriqués à partir d’écorces de certains arbres). Ce sont des pièces qui sont utilisées dans les cérémonies. Quand on connait le travail qu’il faut pour 1 seul cm² de ce « tissu », je reste pantois.

 

 

Nous n’avions (malheureusement) pas beaucoup de temps pour visiter les Fidji : je dois retourner travailler et Martial veut laisser Ylang en Nouvelle Calédonie. Nous avons décidé de passer entre les 2 plus grandes îles.

Dés le lendemain nous longeons la côte jusqu’à l’extrême nord de l’île principale. Le temps est (encore) maussade et le décor est « tristounet » : épave.

Les villages que nous voyons sont plus ou moins abandonnés, et pour renforcer ce sentiment de désolation nous croisons un cheval mort flottant à la dérive !!

Les collines sont déboisées …surexploitation du bois ? Ce qui nous conforte dans cette idée sont les billets de banque. Ils représentent les principales activités du pays et celui de l’exploitation du bois vaut 20$ Fidjien.

Arrivés à la pointe nord de l’île le paysage change, il devient plus agricole, les maisons sont habitées J et le soleil revient.

C’est le début d’un chenal dans la barrière de corail : heureusement que la carte est juste car le balisage est vétuste…

 

Tous les yeux sont nécessaires

 

Nous irons mouiller à Nanau-i-Ra petite île à la pointe nord de « Suva Island ». Changement complet d’ambiance : cette île est investie par de riches Australiens et Nouveaux Zélandais qui y ont construit des maisons secondaires et les quelques locaux qui habitent l’île sont les gardiens.

 

Evidemment ici le réseau wifi fonctionne à merveille et nous pouvons nous mettre à jour J

Le coté sous le vent bien abrité est celui qui concentre le plus de maisons. Mais l’ambiance est bizarre : il n’y a pas grand monde en ce moment, la plupart des maisons sont vides… impression de décors de cinéma…

 

Le coté au vent est réservé aux (bons) windsurfers et autres kitesurfeurs.

 

Nous reprenons notre route pour suivre la côte nord. La navigation est idéale : vent ¾ arrière, génaker, nous avançons à 8 nœuds très confortablement. Le paysage défile, aride. Nous slalomons de temps en temps dans des platiers mal balisés, mais comme il fait (enfin) beau nous pouvons les visualiser.

 

 

 

En rentrant dans la baie où nous passerons la nuit, nous repérons un genre de pension de famille. Nous décidons d’y aller diner. Le lieu est sympathique mais nous avons rarement aussi mal mangé : une demi patate bouillie et un quart de poisson bouillit aussi avec la peau et les arêtes !! Heureusement la bière est toujours aussi bonne J !

Nous aurons un superbe coucher de soleil sur notre prochaine étape : les îles les plus à l’ouest des Fidji les Yasawa group.

Le lendemain le trajet se fera toujours ¾ arrière, mais plus sportif… Nous arrivons dans une grande baie Soso Bay sur l’île de Nativi. Il y a un bateau de touristes qui arrive en même temps que nous dans la baie.

 

Le village au fond de la baie est fait de petites cases et d’allées en béton.

Quelques femmes vendent un artisanat …médiocre ! Les gens ne sont pas riches, mais les enfants sont souriants.

 

Tous les touristes étant repartis sur leur cargo nous trainons un peu sur la plage, en regardant les pêcheurs.

 

C’est là qu’un homme vient discuter avec nous, aussi curieux de nous, que nous de lui. La France, c’est loin, il connait… Zidane est un bon joueur ! Il nous explique que le lendemain, dimanche, les gens vont chanter à l’église et que l’on peut y assister. Nous y seronsJ.

Le lendemain, tout le monde est sur son 31 : les femmes et les petites filles sont en robes fleuries et portent même des bijoux en or !

 

L’église est pleine, autant de touristes que de locaux. Après le prêche c’est la chorale tout de blanc vêtue, hommes et femmes, qui prend la relève…et ils chantent bien, même si cela ne vaut pas un bon Gospel J

A la sortie, tout le monde est joyeux, se laisse prendre en photo…même les notables :

Cravates, jupes, tongs…dépaysant non ?

Nous avions amené un sac de t-shirts trop petits et des jouets …c’était la fête sur la plage.

Nous avons même eu de l’aide pour remettre l’annexe à l’eau…

 

Nous entamons ensuite une descente à travers un chapelet d’îles et d’îlots bordés de plages magnifiques.

Certaines cachent un village local

 

D’autres un hôtel luxueux

 

 

Soirée-snorkling dans un mouillage désert avec un petit gout de Marquises…

Adrien ira même surfer avec le kayak

 

 

Le lendemain, la mer est un lac

Des dauphins nous accompagnent

Nous aimerions rester plus longtemps pour explorer ces îles et les fonds (nous voyons partir des bateaux de plongée des hôtels) mais le temps presse

 

Nous nous dirigeons vers Malolo Island, l’île la plus proche de la grande île(12milles soit 22km) et de l’aéroport international de Nadi. Il y a sans arrêt des navettes qui arrivent et repartent, autant dire que l’ambiance est touristique ++.

Il faut dire qui le décor est idyllique. Le premier propriétaire de cette île fut Louis Armstrong, (dans mon guide il est noté que si ce n’est pas cette île ci qui l’a inspiré pour écrire « a Wonderful World », les Fidji dans leur ensemble y sont pour beaucoup !). L’île fut revendue plusieurs fois et le dernier propriétaire a remplacé la plantation de cocotiers par le premier resort des Fidji.

Nous arrivons à marée basse par le nord

 

Nous rentrons dans le lagon en fin de matinée avec une mer digne d’un lac.

La forme naturelle de l’île en fait un bon abri.

 

On peut passer à pieds secs entre les deux îles à marée basse. Le décor est artificiel-américanisé mais l’ensemble est assez agréable.

 

Nous nous promenons en annexe dans le port (qui a un petit air de port grimaud avec des canaux et ses maisons au bord de l’eau).

Nous déjeunons sur place…repas qui aurait pu être servit en Californie…

Il y a un petit supermarché, où les prix sont beaucoup plus proches de ceux de la Polynésie que de ceux de Levuka…

Il y a pas mal de bateaux au mouillage, bref l’ambiance est très différente de celle des jours précédents où nous étions seuls !

La côte semble très proche et pourtant le lendemain nous restons bloqués, le vent est trop fort et pile face à nous et ce n’est que le surlendemain que nous traverserons, un peu secoués mais ça passe ! Nous nous dirigeons vers Port Denarau.

C’est un port qui est à 1/4d’heure de l’aéroport et c’est de là que partent les navettes vers les différentes îles. Juste derrière la marina, se trouvent les grands hôtels (Sheraton, Hilton, Radisson etc…) et un golf. Les boutiques et les restaurants de la marina sont dignes de ceux de la côte d’azur. Il y a beaucoup de monde jusque tard dans la nuit, qui fait la fête.

Nous prenons un bus pour aller à la ville « normale » voisine : Nadi.

 

 

La ville est sans charme, mais nous retrouvons la vie et les prix Fidjiens. (Du coup nous achetons des shorts à Adrien en vue de la prochaine rentrée scolaire.)

Le pays est assez surprenant par son mélange ethnique. Au début du XIXème siècle, énormément d’indiens sont venus travailler au Fiji dans les plantations de canne à sucre. Bosseurs et féconds, ils ont prospérés, à tel point qu’à présent, ils détiennent la vie économique du pays et constituent 45% de la population fidjienne ! Il y a très peu de métissage entre les indiens et les mélanésiens ; ils vivent en bonne entente mais côte à côte. Ici, on parle anglais, mélanésien et hindi.

La culture indienne est très présente : de belles indiennes se baladent en sari et nous mangeront dans un resto indien …

J’aurais aimé acheter quelque chose à cette gentille dame, mais les ceintures qu’elle confectionne sont très difficiles intégrer à une tenue européenne.

Le port Denarau est proche de la passe qui nous permettra de partir vers la Nouvelle Calédonie, mais malheureusement, il n’y a pas de bureau où nous pouvons faire notre « clearance » de sortie. Nous sommes donc obligés de repartir au nord vers Lautoka, la grande ville voisine.

Sur le trajet nous nous arrêtons dans une marina Vuda Point, mais qui est bondée et nous n’aurons pas de place. Ylang nous attends sagement à la bouée de quarantaine à l’extérieur

Pendant que nous nous offrons un bon repas dans un bel endroit.

 

C’est exagéré mais c’est bon ! J

Dès le repas englouti, nous repartons pour Lautoka.

L’arrivée n’est pas très engageante, la ville étant très industrialisée.

Mais nous trouvons un mouillage assez agréable à ¼ d’heure d’annexe derrière une petite île.

 

Cette petite île nous donnera de splendides couchers de soleil.

 

Il y a 2 usines juste derrière le port : une de canne à sucre

Et une autre de copeaux de bois. Tous les matins le pont est recouvert de cendres qui laissent des traces noires sur le pont au grand désespoir de mon capitaine.

La ville n’a pas de charme non plus, mais a des supermarchés très bien achalandés aux prix Fidjiens et je remplis mes placards. Nous avons mangé à 3 pour 10€  en ville ! et nous trouvons un réseau wifi que nous captons (avec l’antenne) depuis notre île pour 5€ en illimité pour 7 jours …et ça marche bien !! Ici nous sommes riches ! à Denareau nous étions prolétaires …tout est relatif…pays de contrastes.

A l’entrée de la ville un McDo …lieu « rêvé » pour combler le manque d’expresso de Martial. Si les menus sont classiques, l’uniforme et le sourire sont Fidjiens.

Il y a aussi un immense marché, je suis aux anges J

 

Avec les Fidji, nous découvrons le kava qui a une place centrale dans la vie Fidjienne.

C’est une boisson faite à partir de la racine d’un poivrier sauvage appelé methstyicum piper. L’arbuste n’est pas très grand mais ses racines sont énormes

Traditionnellement les racines sont mâchées et crachées dans une feuille de bananier puis filtrées. Aujourd’hui ces racines sont broyées en une fine poudre et mélangées à de l’eau.
Le kava, interdit dans plusieurs pays dont la France (à l’exception de la Nouvelle Calédonie où il est toléré) contient des substances anxiolytiques et anesthésiantes. Sa consommation ne présente ni accoutumance ni dépendance, C’est une boisson trés répandue dans les îles du Pacifique sud: Vanuatu, Fidji, Wallis…

Traditionnellement, le kava a une place importante dans la coutume mélanésienne, il y a la cérémonie du kava. Elle est encore pratiquée dans les grandes occasions…et pour les touristes.

Je ne voulais pas quitter les Fidji sans en avoir vu une et nous décidons d’être de « vrais » touristes le temps d’une journée.

Nous sommes seuls dans le mini bus, et nous roulons à peu prés 2h en remontant « la Ba river ».

Nous nous dirigeons vers le village de Navalo. C’est un village vieux de plus de 200ans et qui est resté traditionnel. Ils vivent de l’agriculture et du tourisme. Au détour d’un virage, nous découvrons le village. Notre guide nous explique, que le dernier cyclone a détruit pas mal de leurs cases et que le gouvernement (ou la croix rouge ?) leur prête des tentes (ce sont les points bleus sur la photo) en attendant qu’ils puissent reconstruire. Il faut dire que le matériau nécessaire à la construction des toits n’a pas finit de pousser….

 

Avant d’arriver au village, nous traversons une rivière où les enfants jouent : nous sommes dimanche et ici aussi c’est relâcheJ

A notre arrivée nous avons un rapide coup d’œil sur le village. Je m’étonne de grandes allées et notre guide nous explique que le village vu du ciel a une forme de croix car ils sont très religieux.

Voici une maison traditionnelle avec son sous bassement en pierre et ses murs tressés.

Et en voici une en attente de reconstruction

 

Nous sommes rapidement invités pour la cérémonie du kava chez la dame qui sera notre guide du village. Les participants doivent être assis en cercle.

 

Notre guide (ici en bleu) a amené plusieurs sachets de poudre de Kava. Ils en vident un dans une sorte de grosse chaussette.

 

Le linge remplit de kava sera trempé dans l’eau et essoré de nombreuses fois, dans un grand bol appelé Tanoa.

 

Traditionnellement le bol est en bois avec des pieds

 

Un homme avec sa guitare viendra ensuite chanter et tout le monde l’accompagne en tapant des mains.

Des petits bols (demi noix de coco) appelés Bilo sont ensuite distribués à chacun. L’homme à la guitare fait office de chef et c’est lui qui sera servit en premier. Et ce sera ensuite à chacun à tour de rôle. Lorsque que l’on vous tend votre bol, il faut taper une fois dans ses mains et dire: «Bula! ». Il faut boire le bol d’une seule traite avant de dire à nouveau « Bula! » et frapper trois fois dans ses mains. Pour une politesse supplémentaire, vous pouvez aussi dire «Vinaka» (merci). Et ainsi de suite jusqu’à vider le grand bol, le Tanoa.

 

Ce kava a un gout d’eau boueuse (dégeu ) et je capitule assez vite. Et malgré la bonne volonté de mes hommes nous ne finirons pas le Tanoa.

Sur l’instant cela ne nous a pas fait un grand effet (à part un petit engourdissement des lèvres, qui est normal puisque c’est un relaxant musculaire), mais par la suite à tour de rôle nous « tomberons » : Adrien dormira profondément dans la voiture au retour, moi je m’endors pendant 1/2h arrivée au bateau et un peu plus tard ce sera le tour de Martial…nous sommes très détendus !!

Après cet « apéro » notre hôtesse nous emmène visiter le village.

Ce jour là il y avait une grande fête et ils avaient tué un bœuf. Il y a un repas communautaire qui est servit.

 

Chacun amène son assiette, les enfants servit en premier attendent sagement leur tour et vont ensuite manger tranquillement dans un coin du village.

Elle nous entraine ensuite vers l’église

C’est là que je me ferais expliquer ce qu’est ce bois creux en forme de bateau : en tapant dedans cela résonne et fait office de cloche !

 

Juste à coté, une école a été construite par l’Unicef et les dons sont bienvenus…

 

 

 

Nous retournons chez notre hôtesse qui nous offre des colliers et un repas : poisson, poulet, riz et manioc…

 

Pour une journée nous avons changé de monde et même si il y a une part de folklore (nous ne sommes pas dupes), je suis contente d’avoir vu tout cela avec l’impression que tout pourrait disparaitre assez vite…

Notre trop court séjour aux Fidji s’achève. Nous garderons le sourire et la gentillesse des gens en prime de paysages magnifiques et d’un pays contrasté.

94.TONGA

La traversée de Niue aux Tonga se fait tranquillement en 2 jours. Nous ne forçons pas car nous voulons arriver de jour. Le seul fait marquant de cette traversée est que nous passons la ligne de changement de date. Et d’un coup de mardi, nous sommes mercredi ! D’un coup des derniers à vivre cette journée nous devenons les premiers ! Nous avions 12h de retard en Polynésie par rapport à vous en France et maintenant nous avons 11h d’avance ! Je me fais des nœuds au cerveau et la notion de relativité prend toute sa place dans ma tête à ce moment là.

Je réalise aussi à ce moment là que tranquillement, sans vraiment s’en apercevoir nous avons fait une bonne moitié de tour du monde ! Que de souvenirs me reviennent ! J’ai l’impression d’avoir vécu beaucoup plus de choses ces 4 dernières années que les 10 précédentes….Et pourtant mon envie de voyager, découvrir, rencontrer, gouter (ça c’est mon coté gourmandeJ) reste intacte et la mer me fascine toujours autant.

Nous arrivons au lever du jour au nord des Vava’u . Les Tonga comportent plus de 160 îles coralliennes et volcaniques dont seules 36 sont habitées. Elles sont divisées en 3 groupes d’îles. Nous pensions dans un premier temps nous diriger vers Nuku’alofa, la capitale, mais la rencontre d’un navigateur irlandais et son globe-stoppeur français nous fait changer nos plans. Nous nous dirigeons vers le nord des Tonga (groupe Vava’u) et ferons ensuite un passage aux Fidji avant la Nouvelle Calédonie ultime étape de notre voyage.

 

Le groupe Vava’u est un labyrinthe d’îlots et de récifs qui offre un très beau bassin de croisière qui devient de plus en plus touristique.

Le paysage change complètement : impression de baie d’Along…

 

Nous sommes accueillis par des baleines, qui sont nombreuses à venir mettre bas dans ces eaux.

Nous remontons ensuite le canal pendant une bonne heure pour arriver à Neiafu capitale des Vava’u.

C’est une naviguation calme et reposante. Les berges couvertes de végétation cachent quelques jolies maisons .

Après un dernier virage, nous nous dirigeons vers le quai d’accueil à l’entrée de la ville.

Il y a déjà 4 bateaux en attente (arrivés dans la nuit). Il faut s’armer de patience. Finalement en fin de matinée, un homme âgé, fatigué et visiblement très malade, vient à bord pour une paradoxale inspection sanitaire ! Il nous pose quelques questions, remplit avec difficultés son formulaire et s’en va. Il faudra attendre l’après midi pour que les douanes et l’immigration nous visitent. En attendant nous pouvons observer des cochons qui se baladent en toute liberté, nous en verrons un peu partout par la suite.

Tout le monde est souriant et plutôt avenant. Les hommes ont la chemise réglementaire avec épaulettes (quasi internationale), tatouage et barbe, mais par contre… une jupe pour le bas. Dépaysant J

Selon une légende, un groupe de marins serait arrivé en bateau au Tonga, leurs vêtements déchirés par la tempête. Ils taillèrent alors la voile de leur bateau, pour s’en draper. L’empereur, ému de leur sacrifice pour lui apparaître présentables, décréta que cela constituerait désormais le vêtement de cérémonie.

Au XXe siècle, la reine (les Tonga sont une royauté indépendante) décida que le ta’oval ferait partie de l’uniforme des fonctionnaires, et des scolaires.

Le ta’ovala traditionnel est constitué d’une natte enroulée autour de la taille et retenue à la taille par une kafa, porté tant par les hommes que par les femmes.

 

 

Les formalités d’entrées finies nous partons prendre une bouée. Nous avons l’impression d’être sur un lac, entièrement entourés de terres. Nous réussissons à avoir une bouée face au restaurant qui fait office de Yacht club et récupérer le wifi. C’est un détail qui aura son importance, car nous aurons 8 jours de pluies incessantes et le wifi (quand il marchera) nous permettra de nous évader…

Les gens se déplacent d’une rive à l’autre en « bus-navette »

 

La population de l’archipel de Vava’u est de plus de 16 000 habitants, et plus d’un tiers vit dans la ville principale de Neiafu, la seconde plus grande ville de Tonga. Mais cela reste une très petite ville. Par contre je découvre avec ravissement le marché bien achalandé…des mois que je n’avais pas vu des tomates et des concombres! Je fais rapidement le plein.

Des quantités impressionnantes de pastèques, manioc, tarots…

Attenant à ce marché, un marché d’artisanat dont la spécialité est la sculpture sur os de baleine. Si les prix sont plus attractifs qu’en Polynésie, les sculptures sont moins fines.

Les Tongiens sont très pratiquants à tel point que toute activité (même touristique) est interdite le dimanche.

 

 

Nous avons eu deux jours de beau temps où nous avons fait une petite sortie avec Ylang.

Nous reprenons le canal en sens inverse

 

Nous suivons un catamaran made in Tonga, tout en bois vernis

 

 

Les îlots pour la plupart sont bordés de petites falaises, criblées de petites grottes.

 

Nous « jouons » à cache cache avec les autres bateaux dans ce dédalle.

 

Nous faisons une petite pause à Port Maurelle devant une plage de sable blanc aux eaux cristallines. Mais il ne fait pas chaud et il n’y aura que Martial qui se mettra à l’eau (officiellement pour vérifier l’ancreJ)

Nous continuons dans ce labyrinthe jusqu’à îlot Avalou où nous passerons la nuit avec quelques grains.

Le lendemain nous ferons le tour de l’île Vaka’eitu.

 

 

Nous nous mouillions à l’intérieur d’une petite mer intérieure formée par l’île de Vaka’eitu et l’île de Nuapapu. L’isthme qui les sépare se couvre et se découvre en fonction des marées, le paysage change.

 

Nous attendons la marée haute pour traverser l’isthme et aller faire un peu de snorkling à l’extérieur des îles avec les nodis (oiseaux à tête blanche). Si le corail est en bon état, à part un requin pointe blanche nous ne ferons pas de rencontre.

 

Le lendemain, la pluie a redémarré nous rentrons donc à Neiafu.

Nous aurons 4 jours de pluies continues, où nous avons du mal à sortir ! En pleine saison sèche qu’ils disent !! Même le wifi a du mal à fonctionner…

A la première accalmie annoncée par la météo, nous quittons les Tonga sous un ciel de plombs mais avec un plein de fruits et légumes. J

A la sortie du canal, je lance un « en fait nous n’avons pas rencontré les Tonga » qui fait rire mes hommes mais qui résume bien le sentiment que j’ai au départ de ces îles.